O.Petrov : bilan d’un an de règne à l’ASM

O.Petrov : bilan d’un an de règne à l’ASM

5 avril 2020 9 Par Franck C

Cela fait plus d’un an que l’ASM compte un nouveau vice-président en la personne d’Oleg Petrov, le second à cette fonction sous l’ère Rybolovlev, l’actionnaire majoritaire du club princier. Entre son intronisation en lieu et place de Vadim Vasiliev le 22 février 2019 alors que le club est en pleine tempête sportive en Ligue 1 et sa dernière déclaration médiatique en lien avec les ambitions » « intactes » de l’ASM en février dernier (NB: juste avant la suspension de la Ligue 1 pour cause d’épidémie de Covid 19), nous avons voulu nous intéresser à un personnage difficile à cerner au premier abord.

Homme d’affaires « touche à tout », Petrov s’est immiscé dans le monde du football professionnel de haut niveau dans le contexte feutré de la Principauté monégasque. Le russe fut d’emblée projeté dans les méandres d’une fin de saison chaotique (maintien incertain obtenu à la  37ème journée face au SC Amiens 2-0) et quelques mois plus tard, il gère son premier mercato estival que certains diront réussi mais trop tardif en termes de postes clés ciblés. Vite contrarié par un début de saison 2019-2020 poussif, le russe a montré qu’il n’appréciait guère les errements sportifs et n’a pas tardé à perdre confiance en son entraineur, Leonardo Jardim lui-même peu convaincu de la politique de recrutement de son dirigeant. La suite, nous la connaissons, un second départ du portugais en décembre dernier et le pari un peu fou d’un entraîneur espagnol novice, Roberto Moreno, jusqu’au départ de Nicolas Holveck, le directeur général adjoint il y a quelques jours. Analyse en détails du bilan de l’action générale du vice-président russe de l’AS Monaco.

 

Un brillant homme d’affaires 

Quand Petrov débarque à l’ASM à la demande de D.Rybolovlev fin février 2019, lui-même a été surpris de passer du monde des affaires à celui du football professionnel dans un club majeur du championnat français : « C’est vrai. L’offre de Dmitri Rybolovlev était une surprise. J’étais déjà venu au club, je connaissais Vadim (Vasyliev), je suivais le club, mais j’étais sur un autre projet, je ne me préparais pas à cela. J’ai néanmoins dit oui assez rapidement. Le projet collait bien à ce à quoi j’aspirais. Il y a de nombreuses choses que j’apprécie dans mon activité ici, comme l’intensité, de faire les choses moi-même et d’être à la base d’un projet dont les résultats sont tangibles rapidement, mais aussi l’aspect relationnel et humain. Je n’ai donc pas eu beaucoup de doutes. » (source Le Figaro-29/02/2020)

Le Russe a découvert un monde du football aux particularités uniques par rapport aux secteurs économiques dans lesquels il a déjà évolué dans le passé. « La pression et le stress, avec notamment l’attente du public. C’est une différence. Il y a aussi de nombreuses personnalités différentes et les interconnexions entre ces personnalités, coaches, joueurs, certains étant très connus… Il faut aussi composer avec le talent. Il faut un haut niveau de professionnalisme pour atteindre le plus haut niveau de performance. Si on parle de budget, et de l’argent qu’il faut investir pour avoir du succès, c’est aussi un facteur. Vous pouvez donc être amené à investir de fortes sommes d’argent, parfois juste sur un joueur. Dans d’autres secteurs d’activité, d’une personne à une autre, il n’y a parfois pas tant de différence. Mais dans notre cas, ça peut être un écart comparable au budget d’une grande entreprise ! On entend souvent que le football n’est pas mathématique, c’est exactement le cas, bien des choses sont relatives. Il faut jouer avec ça et toutes ces incertitudes. »

Petrov est un novice pour bon nombre d’observateurs mais cela n’inquiéta personne en haut lieu car Vasilyev l’était aussi à ses débuts au même poste. Diplômé de la prestigieuse université d’économie Plekhanov à Moscou, le Russe est polyglotte et parle anglais, espagnol, portugais, et même le grec. Né à Oufa, en septembre 1963, Petrov connaît Rybolovlev depuis presque vingt ans. Entre 2005 et 2011, il a été vice-directeur d’un groupe d’extraction de potasse au Bélarus, où il représentait les intérêts d’Uralkali, société qui a fait la fortune de Rybolovlev. Nommé en 2011 directeur des ventes et du marketing d’Uralkali, Petrov est décrit comme un excellent négociateur et un bon diplomate. Il touche aussi à la production de diamants et gèrera ensuite en 2017 une start-up créée par Rybolovlev et qui fera faillite rapidement cependant.  L’homme d’affaires russe a de la suite dans les idées et a dernièrement financé en tant que vice-producteur une partie du budget du film de guerre “1917” réalisé par Sam Mendes et en tête du box-office pendant de nombreuses semaines. Rien ne lui fait peur quand on parle de business.

Une arrivée en pleine tourmente

Quand le Russe arrive, l’ASM est en plein désarroi sportif depuis le début de saison 2018-2019. Un mois auparavant, T.Henry a été limogé et Jardim sur l’insistance de Rybolovlev, est revenu aux commandes de l’équipe professionnelle le 25 janvier après une défaite de l’ASM coaché par Franck Passi face à Dijon (2-0). Devant la situation délicate en janvier 2019, le milliardaire russe a repris la main au sein du club et mit fin ensuite aux fonctions de Vasiliev en février 2019. En effet, suite aux révélations des Football Leaks portant sur la prime de 10% accordée au vice-président de l’ASM sur les plus-values de chaque transfert réalisé, Rybolovlev a mal vécu cet écho médiatique défavorable à l’ASM. Au soir de l’arrivée officielle de Petrov, le 22 février 2019, l’ASM est 16ème de Ligue 1 à 2 points du 18ème et barragiste, Dijon. L’ASM bat l’OL à Louis II le 24 février 2019, et s’offre un gros bol d’air au classement après avoir battu Toulouse (2-1) et Nantes (1-0), et un autre nul à Montpellier (2-2) précédemment. Petrov apparaît confiant en tribune présidentielle, Jardim est alors en train de réussir l’opération maintien qui est cependant loin d’être terminée. A l’arrivée de Petrov également, Rybolovlev en profite pour reprendre la main sur l’organisation du club. L’organigramme bouge : Olga Dementieva est nommée directrice sportive adjointe, en soutien des missions de N.Holveck chargé du secteur administratif et des relations avec les instances officielles (LFP,FFF etc). M.Emenalo, directeur sportif, un temps sur la sellette ne quitte le club qu’en août 2019.

Les journées de L1 suivantes sont pourtant encore éprouvantes à vivre pour le nouveau vice-président du club. L’équipe première monégasque vit ensuite des résultats en dents de scie : un nul à Angers (2-2), un autre nul à domicile contre Bordeaux (1-1), une victoire inespérée à Lille (1-0), puis une défaite à domicile contre Caen (0-1), deux nuls à Guingamp (1-1) et contre Reims (0-0), une autre défaite logique contre le PSG (1-3), un autre nul à Rennes (2-2). Deux défaites successives remettent alors une pression intense sur Jardim et Petrov lui même, l’une contre Saint Etienne à domicile (3-2) et l’autre à Nîmes (1-0) lors des 35è et 36è journée de L1. Le sort des Monégasques tient à un fil, l’ASM étant à égalité de points avec le 18è, Caen. Petrov pousse alors un gros coup de gueule face aux joueurs avant ce match décisif : « Vous pouvez commencer à appeler tout le monde autour de vous pour les prévenir. Personne ne partira d’ici si on est en L2 » et leur promet en même temps une prime de maintien… Finalement, les Monégasques battent les Amiénois à Louis II (2-0) et Caen perd lourdement à Lyon (4-0). Le maintien est acquis dans la douleur. Petrov comprend à ce moment-là que le redressement du club et de son équipe phare sera une tâche ardue, longue et difficile. Dans le même temps, la réserve de l’ASM en N2 est reléguée (sous réserve de la validation finale de la FFF) et le Cercle de Bruges, dont il est l’un des administrateurs délégués, a acquis son maintien en Jupiler League.

 

Le russe aux manettes : mercato et changement d’entraîneur au menu

Au soir de la dernière journée de Ligue 1 (saison 2018-2019) perdue à Nice (2-0), Petrov sait qu’il va devoir amorcer de profonds changements pour l’équipe professionnelle afin de tenir de nouveaux objectifs sportifs nationaux et réduire un effectif pléthorique (+70 joueurs sous contrat à fin juin 2020).

La tâche est ardue et le vice-président manque d’expérience dans ce genre d’exercice même si N.Holveck l’aide énormément durant cette période. Après avoir recensé les fins de contrats au 30 juin 2019 (prêts inclus), l’homme fort de l’ASM s’attache aussi à réfléchir aux transferts de joueurs avec une plus-value possible (R.Lopes, Y.Tielemans, D.Sidibé, B.Henrichs, R.Falcao, K.Baldé entre autres) ou des prêts pour les plus jeunes joueurs ou les déceptions (I.Cardona, M.Sylla, J.Mboula, A.Barreca, N.Chadli, Naldo, R.Pierre Gabriel, Pelé, Ait Benasser, S.Grandsir, G.Boschilia, etc…), sans oublier dans le même temps les besoins prioritaires ciblés par Jardim et son staff. Le chantier est compliqué (la fin de contrat de l’emblématique Andrea Raggi est actée par exemple) et les rumeurs d’arrivées imminentes en Principauté sont déjà légion dès le début du mercato estival 2019 (S.Aurier, L.Felipe, A.Omur, A.Claude Maurice…), mais alors que l’ASM dégaine rapidement le transfert définitif de Gelson Martins (30 M.€) dès l’ouverture du mercato puis finalise le départ de Y.Tielemans  à Leicester, les transferts suivants (départs et arrivées) tardent à se concrétiser. B.Lecomte (13,5 M.€) ne débarque que mi-juillet seulement et il faut attendre le mois d’août pour voir arriver W.Ben Yedder, Onyekuru et R.Aguilar alors que la Ligue 1 a repris depuis le 9 août 2019. Entre temps, Jardim a manifesté avec sobriété et retenue son impatience à voir arriver (ou partir) certains joueurs pendant la période de préparation de pré-saison. Petrov tâtonne semble-t-il et ne prend suffisamment en compte la dimension temporelle des opérations menées pendant ce mercato. Alors que l’ASM ne glane qu’un point en deux matchs de championnat, et que le mécontentement des supporters lui est susurré à l’oreille, Petrov temporise la situation lors de la présentation officielle des recrues le 21 août 2019 : « On cherche encore des joueurs de top qualité. Certains recrutements ont été un peu longs. Les joueurs n’ont pas encore eu le temps de travailler ensemble et de créer une cohésion collective. Je suis sûr que les choses iront mieux. Je vois beaucoup d’envie et de détermination (…) Je comprends que les supporters soient mécontents après les premiers résultats, a reconnu le dirigeant russe. Je ne pense pas que ce soit sa responsabilité (à Jardim, ndlr). Il est très exposé. Lorsque les choses tournent mal, on le pointe. Mais je peux vous dire que le staff fait du bon travail» (Source Ouest France). On sent déjà à cette période les prémices d’une relation compliquée entre Jardim et Petrov, ce que dément pourtant l’intéressé le même jour : « Les relations entre nous ont toujours été très bonnes et restent inchangées. On parle souvent. C’est un dialogue constructif sur pas mal de sujets. Il y a des raisons objectives à ce début de saison. Il ne faut pas jeter la pierre au coach pour cela. » (Source l’Equipe). Dont acte.

Le cas Falcao pousse également Petrov dans ses derniers retranchements. D’abord conciliant avec les velléités de départ du Colombien (vers l’Athletico Madrid) à partir de juillet 2019, le vice-président tape ensuite du poing sur la table concernant l’avenir du goleador monégasque : « Non, je ne m’attends à aucune tension entre lui et le club. En effet, il a toujours fait un grand travail. Le club et Falcao ont une grande histoire en commun. Il y a encore des objectifs à atteindre en commun. Il est encore en forme comme il a pu le démontrer. Il a un contrat, il doit le respecter. Monaco a besoin de lui. » déclare Petrov aux micros des journalistes venus assister à la présentation des recrues (Source l’Equipe).

On connaît la suite de l’issue de ce scénario tendu lors du mercato estival. Le départ du Colombien acté (à Galatasaray) en toute limite de clôture du mercato et une relation compliquée avec Jardim qui on le sait aboutira à son limogeage en décembre dernier. Petrov continue ensuite les emplettes et recrute en toute fin de mercato un défenseur central tant attendu en la personne du chilien G.Maripan, un n°6 de renom avec le retour de T.Bakayoko (prêt avec option d’achat), un arrière latéral plein d’espoirs (A.Zagré) et un attaquant en quête de rachat (J.K.Augustin). Les besoins sont selon lui désormais comblés pour Petrov qui vient de dépenser environ 140 millions d’euros en achats de joueurs contre environ 70 millions d’euros de transferts sous forme de départs. Le vice-président monégasque commente sa première expérience de mercato : « Cette expérience a été un gros challenge, un défi. Le mercato nous a pris du temps. J’ai beaucoup appris et je pense que les prochains seront mieux préparés. Dans le futur, nous commencerons plus tôt et finirons plus tôt. » déclare-t-il avec lucidité à la présentation des dernières recrues fin août dernier. Entre temps, Petrov a aussi imprimé sa patte en faisant revenir B.Reuzeau (PSG) à la tête de l’Academy, fleuron du club et que Manu Pires (arrivé en Juillet 2018) n’a pas semble-t-il pas suffisamment valorisé aux yeux du dirigeant. En faisant revenir un technicien de renom de la formation déjà établi en Principauté (de 2016 à 2018), Petrov sait que l’avenir de l’ASM passe aussi et surtout par le recrutement et la formation de futurs pépites pour lesquels les scouts du club sont à l’affût partout en Europe.

Au final, le mercato estival 2019, quoique trop tardif, peut être estimé comme plutôt réussi. L’opinion générale est plutôt satisfaite avec l’arrivée de joueurs expérimentés confirmés (Slimani, Ben Yedder, Bakayoko, Lecomte pour ne citer qu’eux), Petrov ayant voulu aussi casser la dynamique des recrutements de très jeunes joueurs perdus en réserve ou en prêts inefficaces.

L‘homme fort du club monégasque réaffirme début septembre 2019 les ambitions de l’ASM : « Nous avons tous les éléments pour nous battre pour les meilleures places. Le début de la saison ne le prouve pas, mais les objectifs sont toujours les mêmes. Le président (Rybolovlev) a des ambitions pour l’équipe. Maintenant, l’équipe est formée. Pour le prochain match (contre Marseille), nous pourrons, je pense, présenter un autre visage. Nous avons tous les éléments pour nous battre pour les meilleures places. » (Source Le Figaro). Mais le début de championnat patine de nouveau et en 5 journées (avec une défaite face à l’OM 4-3 à Louis II), l’ASM pointe à la 19ème place. Petrov acquiesce en public mais en coulisses, l’homme d’affaires russe enrage déjà. Certains diront que l’homme de confiance de Rybolovlev reste encore inexpérimenté face aux us et coutumes du football professionnel, d’autres que le vice-président subit encore les carences du secteur sportif du club princier. Comme le rappellera ensuite Jardim après son limogeage avant Noël dernier, l’ASM se redresse pourtant entre la 6è journée et la 19è journée en Ligue 1 (victoire 5-1 face au Losc). Petrov et Jardim ont rapidement entretenu des relations fraîches et le niveau de jeu proposé par les joueurs du coach portugais n’a pas non plus enchanté le vice-président de l’ASM. L’issue d’une séparation était malheureusement de plus en plus plausible même si officiellement, les joueurs soutenaient majoritairement l’ex coach du Sporting Portugal. L’entraîneur portugais n’a d’ailleurs toujours pas digéré cet épisode douloureux et a défendu son bilan en Principauté : « La saison actuelle est très mal partie, nous n’avons constitué l’équipe qu’à la fin août et mis à la poubelle la présaison, comme tout le monde le sait. Même le vice-président du club a pris la responsabilité de ce mercato tardif. Il a évoqué son manque d’expérience et d’autres choses. Après ces cinq journées à deux points pris, il y a eu treize matches de Ligue 1, de Reims (0-0, le 21 septembre, ndlr) à Lille (victoire 5-1, le 21 décembre). Nous avons pris vingt-six points, soit deux points par match. C’est pour ça que je reste étonné par la décision qui a été prise à Noël. Sportivement, nous étions en situation d’atteindre l’objectif, à savoir le podium. S’il nous manquait des points, la responsabilité ne venait pas seulement du staff technique.” (Source RMC Sport). Et les supporters monégasques d’apprendre également que le Portugais avait mis son départ dans la balance dès le début de saison : « À la mi-août, j’ai demandé à partir parce que je ne voulais pas disputer une deuxième fois le maintien. J’ai été bien clair : si le club veut que je parte, je pars. » Malgré ces déclarations, Petrov reste droit dans ses bottes, l’homme a la confiance de Rybolovlev et n’hésite pas à assumer sa décision : « C’est une décision importante de changer l’entraîneur durant la saison. La raison sont les résultats du club. Comme vous le savez. Nous sommes septièmes au classement et les objectifs du club étaient très clairs. Monaco est un top club du championnat français et je pense que nous méritons un meilleur classement et c’est notre objectif. Il y a différentes raisons qui expliquent cette situation : le début de saison a été difficile dû notamment à un mercato tardif. Nous avons donné un crédit significatif à l’équipe et au staff. Mais après, nous avons décidé de changer, nous pensons que c’était le moment d’opérer les changements. » (Source Footmercato). 

Le Russe prend alors un virage étonnant mais certainement concerté avec Rybolovlev : le recrutement d’un jeune technicien espagnol au CV bien maigrichon mais qui suscite l’espoir d’un futur grand entraîneur : R.Moreno. Alors que certains noms plus ronflants avaient été évoqués (L.Blanc, C.Puel, L.Spaletti) pour remplacer L.Jardim, contre toute attente, Petrov nomme un outsider de dernière minute aux commandes du groupe professionnel. Scepticisme et étonnement gagnent alors les observateurs du club monégasque. Scepticisme quelque peu balayé par le premier match de Ligue 1 disputé face au PSG (3-3) pour le compte de la 20è journée de Ligue 1. Ce soir-là, l’ASM dame le pion à l’ogre parisien qui s’attendait à un match plus facile. A ce jour le bilan de l’espagnol n’est pas emballant (12 points en 10 matchs ; 3 victoires, 3 nuls et 4 défaites, inclus le match en retard de la 15è journée de L1 et rejoué en janvier 2020 contre le PSG et perdu 4-2), l’ASM étant 9ème de L1 avec 40 points, à 9 points du LOSC quatrième. Petrov de souligner récemment sa satisfaction concernant l’entraîneur espagnol : « Je suis très satisfait. Il y a beaucoup de points positifs à propos de lui et de son staff. Ils travaillent dur, ils font un gros travail d’analyse data, des adversaires. Techniquement, ils sont très professionnels. Ça vaut aussi pour l’entraîneur des gardiens, qui fait un travail formidable, ou des préparateurs physiques. Et humainement, Roberto et son staff sont simples, humbles, et c’était d’ailleurs la même chose avec la précédente équipe technique. C’est un plaisir de travailler avec Roberto et son staff. Ils sont à l’écoute, ouverts, ils sont tout sauf têtus. » (Source le Figaro).

Côté mercato hivernal, l’ASM a tout de même investi plus de 50 millions d’euros pour 4 joueurs (Pavlovic-8 ME ; Marcelin-10M€ ; Tchouaméni-20M€ ; Fofana-15 M€) malgré une prudence mesurée pourtant affichée par Petrov lui-même en novembre dernier : « Je ne pense pas que nous signerons beaucoup de joueurs cet hiver. On se prépare surtout pour le prochain mercato estival. Il y aura plus d’activité l’été prochain. » (Source RMC Sport).

Les défis à relever

Le premier défi est évidemment le retour de l’équipe première sur la scène du foot français à l’orée de cette saison. L’Europa League, seule compétition accessible pour les hommes de Moreno, s’éloigne peu à peu même si mathématiquement, cela reste possible (attention cependant aux décisions qui seront prises par la LFP dans les prochains jours suite à l’épidémie de Covid 19) : « Une saison réussie rimerait avec l’accession à la Ligue des champions. La Ligue Europa, l’option numéro 2. En dehors des places européennes, ce ne sera pas un bon résultat… Il faudrait toutefois analyser les circonstances, mais une chose est sûre : l’objectif, c’est d’être européen. » déclara Petrov fin février dernier. Si la L1 reprend, il reste 10 matchs à Moreno pour atteindre l’objectif n°2 de l’Europa League. Ce ne sera pas simple du tout au vu des dernières prestations en demie teinte des joueurs de l’ASM.

Autre défi mais plus organisationnel : la gestion du départ de N.Holveck (en suspens depuis février dernier) a été acté il y a quelques jours. Selon des sources internes au club, l’ex dirigeant de Nancy ne sera pas remplacé. Le Russe Viacheslav Ivanov, également directeur général adjoint du club (et autre administrateur délégué du Cercle de Bruges), reprendra toutes ses prérogatives, exceptées celles de représentation auprès des instances. Ces dernières seront désormais assurées par Oleg Petrov lui-même qui va clairement devoir se mettre plus en avant aux yeux des dirigeants du football professionnel français, ce que Vadim Vasilyev avait bien su faire lors des années précédentes.

Autre défi que doit relever le vice-président russe, la continuité de la politique de trading : « c’est le pilier de ce projet et du succès financier. Nous devons rester en Ligue des champions pour les droits TV, pour attirer des spectateurs. Et nous devons vendre des joueurs. Nous continuerons.” (Source Le Figaro). Les achats de jeunes joueurs à fort potentiel à la revente devraient donc reprendre l’été prochain toujours selon l’homme d’affaires russe : “Je suis déjà actif en vue du mercato estival, afin de repérer de jeunes talents pour l’équipe. Nous voulons être, et ça sonne ambitieux, un des meilleurs créateurs de talents en Europe. »

Dans le même temps, Petrov veut développer le travail de l’Academy : « Oui. On va attacher encore plus d’importance à l’Academy. D’autres clubs comprennent très bien cette logique et font un excellent travail en Europe, en France aussi. On recrute de jeunes talents français, comme Youssouf Fofana, Aurélien Tchouaméni ou Jean Marcelin, qui sont arrivés lors du dernier mercato, en janvier. On veut faire encore mieux, notamment pour exploiter le vivier français, avec par exemple plus de partenariats avec des clubs amateurs, renforcer la structure de recrutement pour l’Academy… On a recruté beaucoup de jeunes talents, on doit en créer davantage, à l’image de Benoît Badiashile. » (Source Le Figaro).

Le développement global stratégique de l’ASM reste aussi son leitmotiv : « On veut continuer à travailler sur les infrastructures, avec le centre d’entraînement dont le bâtiment principal doit être livré début 2021, le chantier de la Diagonale (futur lieu de vie de l’Academy). Par ailleurs, on veut faire encore mieux en termes de marketing, de promotion de la marque AS Monaco. On veut attirer plus de gens, de supporters vers l’ASM du monde entier. On y travaille avec Markus Breglec (nouveau directeur marketing, ex-Liverpool). Nous travaillons aussi pour attirer de nouveaux sponsors. Je veux également que l’Academy et l’équipe pro soient plus connectées. On a déjà fait beaucoup de changements au sein du staff médical, avec notamment l’arrivée du docteur Til-Pérez (ex-Barça et Benfica). Les résultats sont spectaculaires par rapport à la saison passée, où l’on a eu jusqu’à 17 blessés. On fait aussi beaucoup en termes de communication digitale et un projet ambitieux sur le e-sport. Avec plus de 11 millions de followers sur les réseaux sociaux, on est deuxième en France derrière le PSG. J’ai été surpris par la progression sur le digital, notamment en Chine. On a atteint nos objectifs annuels en février ! C’est au moins en partie parce que Monaco rime avec « lifestyle », pas seulement le sport. »

Concernant le Cercle de Bruges, Petrov doit aussi tirer les leçons d’une politique sportive ratée pour la saison actuelle achevée officiellement (nomination de F.Mercadal comme entraîneur et recrutement limité, large déception concernant les prêts des joueurs monégasques). Les Belges auraient pu être relégués en D2, nul doute que le vice-président devra corriger le tir pour éviter une prochaine saison compliquée en Jupiler League, lui qui compte toujours sur le solide partenariat avec le club belge : « On va aussi continuer à s’appuyer sur le Cercle Bruges (club filial), un projet important pour le club. ». (Source Le Figaro)

L’avenir dira si Petrov a mûri dans sa fonction présidentielle et si ses décisions vont porter leurs fruits.

Le Russe a déclaré récemment quelle a été sa philosophie de travail pendant cette première année en fonction : « J’aime déléguer une fois que je me sens confortable, que les choses sont en place. Mais pendant cette première année, je me suis beaucoup impliqué personnellement. Même dans des secteurs où je ne m’attendais pas à devoir l’être, comme dans le sportif, notamment dans les négociations de transferts. J’étais aussi très impliqué auprès du coach, des joueurs… À un moment donné, je le serai sans doute moins, mais je n’avais pas le choix en fait : l’équipe était sous la menace d’une relégation quand je suis arrivé. On parlait très souvent avec le coach. Je n’étais évidemment pas décisionnaire sur des choix sportifs, mais je représentais le club. Et ça m’a permis de comprendre de nombreuses choses qui auraient été plus compliquées à appréhender aussi vite si j’étais resté plus en retrait. » (Source Le Figaro).

Photo : crédit Icon Sport / Alexandre Dimou