EXCLU – Gakpé : « Que des bons souvenirs à Monaco »

EXCLU – Gakpé : « Que des bons souvenirs à Monaco »

12 juin 2020 0 Par Ophély M

Après Fred Nimani, c’est au tour d’un autre ancien monégasque Serge Gakpé de répondre à nos questions. Encore une fois merci à Serge d’avoir pris le temps de nous répondre. 

Qu’êtes-vous devenu pour ceux qui se sont arrêtés à votre époque monégasque ?
Cela remonte à loin maintenant. Je suis toujours en activité j’ai 33 ans et je joue à l’Apollon Limassol à Chypre.

Vous avez connu l’Équipe de France mais également le Togo, que pouvez-vous nous dire de ces expériences ?
Oui j’ai fait quasiment toutes les catégories de jeunes en EDF jusqu’en Espoirs. Ce sont de bons souvenirs et puis ces matchs de haut niveau t’aident et te font progresser dans ta formation. Puis plus tard j’ai opté pour le Togo. En 2006 j’avais déjà été approché par la sélection togolaise pour le Mondial mais j’avais décliné l’offre, j’avais 18 ans j’étais jeune, je ne savais pas ce que je voulais entre la France et le Togo. En 2009 l’occasion s’est représentée et j’ai accepté mais malheureusement on n’a pas réussi à se qualifier pour le Mondial 2010 en Afrique du sud. En 2013, j’ai joué ma première CAN. (En 2010 on s’était qualifié mais suite à l’incident qu’il s’est passé, on avait été disqualifié… mauvais souvenirs). Donc CAN 2013, on est dans le groupe de la mort comme on dit avec la Côte d’Ivoire, l’Algérie et la Tunisie on n’est pas du tout les favoris, mais on arrive à sortir du groupe. J’avais marqué le but victorieux face à la Tunisie. Première fois que le Togo se qualifie en phase finale donc super souvenirs sportif et humain. Malheureusement, on perd en quart contre le Burkina Faso. La CAN 2017, on n’est pas sorti de la phase de groupe. C’était une grande déception. Et j’ai mis fin à ma carrière internationale.

En plus des sélections, vous avez eu l’opportunité de jouer dans plusieurs championnats, bien différents de la Ligue 1 ?

Oui effectivement j’ai connu en 2012 la Jupiler League (Division 1 belge) avec le Standard de Liege dans un premier temps une belle expérience où j’avais retrouvé la Coupe d’Europe. Et dernièrement avec le Cercle de Bruges. J’ai aussi joué en Serie A avec le Genoa, l’Atalanta Bergame et le Chievo Verone et actuellement je suis dans le championnat chypriote avec l’Apollon Limassol.

Suivez-vous toujours assidûment votre club formateur l’AS Monaco ?
Bien sûr, je continue de suivre l’ASM. C’est mon club formateur, entre mon arrivée au centre de formation et mes années en pro, j’ai fait 10 ans sur le Rocher. Donc forcément les liens seront toujours présents.

Quels joueurs et entraîneurs vous ont marqué avec les Rouge & Blanc ?
Deschamps parce que c’est lui qui m’a intégré au groupe pro, j’étais avec la réserve, régulièrement je entrainement avec le groupe pro ça permettait de prendre mes marques et en 2005 j’ai fait ma première reprise et intégrer le groupe pro à part entière. Ensuite, Guidolin c’est lui qui m’a lancé dans le grand bain donc je serais toujours reconnaissant, il m’accordait beaucoup de confiance malgré mon jeune âge. Et pour finir Ricardo, j’aimais bien son franc parler et surtout quand je suis revenu de ma grosse blessure au genou il ne m’avait pas laissé de côté, il me parlait beaucoup, il essayait de me donner du temps de jeu pour que je retrouve mes sensations. J’avais beaucoup apprécié ça. Malheureusement pour moi, il n’est pas resté.

Concernant les joueurs il y en a beaucoup : Vieri, Kapo, Kallon, Meriem, Menez, Koller, Di Vaio, Bernardi, Zikos, Gerard, Chevanton, Maicon, Evra, Maurice-Belay, Gigliotti, Gudjohnsen franchement, il y avait beaucoup de super joueurs mais si je dois en choisir qu’un, c’est Yaya Touré.

Est-ce une fierté de sortir d’un tel centre de formation ? Qu’en gardez-vous comme souvenir ?
On connaît la réputation du centre de formation. Beaucoup de top players sont passés par là-bas. A l’époque, ce n’était pas facile de signer pro. Donc oui j’en suis fier. Ma formation s’est super bien passée, je n’ai que des bons souvenirs. Ensuite mes 3 premières saisons en Pro se sont bien passées dans l’ensemble ; la concurrence était forte mais je jouais régulièrement, je poursuivais ma progression. Janvier 2008, là, les souvenirs commencent à devenir moins joyeux. Je reviens de blessure suite à une entorse au genou mais ce n’est pas trop ça, j’ai encore des douleurs, etc… Je serre les dents pour jouer, j’ai traîné quelques mois et début mai, juste avant mon anniversaire, je me fais opérer. Je pensais en avoir pour 6 semaines et là le chirurgien me dit que c’est plus grave que prévu : j’avais en fait une ostéochondrite stade 4 et que ça va prendre beaucoup de temps car le cartilage était très touché. Ce n’était pas sûr que je reprenne, ça parlait de greffe de cartilage, etc… donc gros choc. Fallait attendre et voir si le forage fait sur le cartilage avait marché… Malgré tout, dieu merci, ça a marché et 9 mois après, en janvier 2009, j’ai retrouvé la compétition. Et à partir de là, les choses se sont compliquées pour moi sur le Rocher. Entre l’appréhension, le manque de rythme, confiance, etc… A côté de ça, j’étais encore jeune, je n’avais pas vite pris conscience que tout avait changé, non pas que je ne travaillais pas avant mais comme je te disais tout c’était toujours passer sans accroc dans ma formation et mes débuts en pro. J’ai mis du temps à comprendre que, pour pouvoir revenir à un bon niveau, je devais travailler dix fois plus. Du coup je ne jouais pas à un bon niveau, j’avais le soutien de Ricardo qui essayait de me pousser pour que je me retrouve… mais en juin il est parti…Guy Lacombe l’a remplacé et qui dit nouveau coach dit nouvelles idées. Forcément, à ce moment-là, je n’avais pas le niveau du Serge qu’il connaissait avant. Donc temps de jeu réduit, moral à zéro, du coup, j’étais allé en prêt à Tours en Janvier 2010 qui m’avait remis sur de bons rails mentalement et physiquement. J’avais retrouvé des sensations sur le terrain en enchaînant les matchs. Cela a été une étape importante pour moi. Ensuite retour à Monaco où je voulais continuer sur la même dynamique mais ça n s’est pas passé comme je le souhaitais. Janvier 2011, je signais définitivement à Nantes. Donc voilà, plein de bons souvenirs mais le gros point négatif, c’est cette blessure. Mais je garde toujours le positif, jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours de très bon rapport avec le club.

En Ligue 2, vous retrouvez l’ASM en tant qu’adversaire avec le FC Nantes, sentiment étrange de retrouver deux monuments du football français à l’échelon inférieur ?
Comme tu dis c’était un sentiment bizarre, j’aurais aimé retrouver l’ASM ailleurs qu’en L2. Mais bon, parfois on recule pour mieux sauter. Et ça a été vrai personnellement où aller en L2 avec le FCN j’ai eu la possibilité de recommencer une nouvelle carrière entre guillemets. Repartir de zéro. Les hauts et les bas connus à Monaco m’ont permis de me forger une nouvelle mentalité, je savais ce que j’avais à faire et le reste a suivi… la montée et de belles saisons en L1 et en Serie A… Et Monaco après a enchaîné de belles saisons en L1 et en C1.

Comme un clin d’œil du destin, vous évoluez une saison avec le Cercle de Bruges, club satellite du Rocher, une bonne expérience ?
Belle expérience ça m’a donné l’envie de transmettre aux jeunes. Comme j’étais un des anciens et que j’avais suivi le même cursus qu’eux le courant passait bien, je discutais beaucoup avec eux, c’était vraiment intéressant. C’est une belle alternative pour eux jouer en D1 belge pour s’aguerrir. C’est toujours mieux qu’en réserve… Ça permet de progresser plus vite. L’objectif maintien avait été atteint.

Après votre carrière de joueur, vous souhaiterez poursuivre dans ce domaine ou vous avez déjà d’autres projets en tête ?
Après ma carrière, j’aimerais bien entraîner en jeune. C’est ce que je te disais plus haut, la transmission et le contact avec les jeunes, j’ai aimé ça lors de mon passage au Cercle donc pourquoi pas continuer dans cette voie-là.

Pour conclure, une anecdote croustillante sur la Principauté à nous raconter ?
Je n’ai que des dossiers lourds. Je vais raconter un truc sur moi comme ça personne ne m’en voudra. Donc on va à Lens, on part la veille comme d’habitude et on jouait le dimanche soir sur Canal, c’était l’affiche du week-end et surtout ça allait être la première fois que Vieri et Di vaio allaient jouer en attaque ensemble. Donc tout le monde attendait de les voir… Dans ma tête aucune chance pour que je joue parce que, en plus de ça, il y avait Kapo, Gigliotti et Maurice-Belay. Donc je suis quasiment sûr d’être en tribune car j’me dis c’est un gros match et il y avait du monde devant moi. Veille de match classique avec Coco et David : quelques appels, etc… Et je me dis bon je vais défaire mes tresses et au final je me couche super tard 2-3 h du matin. Le lendemain Marco et Bobo ont la gastro. On va à la réunion et je vois mon nom en pointe et je me dis merde j’aurais dû me coucher plus tôt. Donc voilà pourquoi j’avais un gros afro pour mon premier match et premier but en L1.

PS : Serge Gakpé a tenu a apporté une petite précision sur son but contre Amiens, ce n’était pas une provocation ou un chambrage, la célébration du but était juste parce que le joueur sortait d’une période compliquée et qu’il était heureux d’avoir marqué.

Source ; ASM Supporters / Photo : Philippe Perusseau – Icon Sport