YA Noghès : « L’ASM c’est clairement une passion »

YA Noghès : « L’ASM c’est clairement une passion »

13 mai 2020 2 Par Ophély M

Après avoir interrogé Oleg Petrov pour Monaco Info, le journaliste monégasque Yann Antony Noghès a accepté de répondre à nos questions. Au programme, entre autres, sa vision du sport en Principauté, sa passion pour l’AS Monaco et le sport auto. Encore une fois merci à Yann Antony d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. 

ASM Supporters : Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter?
Yann Antony Noghès : Je présente des émissions de télévision. Un débat consacré à la politique européenne (France Info et LCP), un magazine sur le climat avec Chloé Nabédian (France Info et Monaco Info), et puis l’équivalent de « Capital » sur la première chaîne belge (RTL TVI). C’est stimulant de s’attaquer à des sujets parfois compliqués et de tenter de les rendre accessibles. Mais ce que nous développons le plus aujourd’hui au sein de notre société Check Productions avec mon associé Alexandre Rougier, c’est la réalisation de documentaires. Nous avons par exemple produit « Grand Prix de Monaco, la légende » avec le Prince Albert II comme narrateur (TF1).

En tant que Monégasque de souche, quelle place occupe le sport dans votre vie ?
Je suis tombé dans le sport automobile à ma naissance, un peu comme tous les Monégasques d’ailleurs. Mon grand-père a créé le Rallye en 1911 et le Grand Prix en 1929. Je ne vous cache pas que c’est très douloureux pour nous tous de ne pas pouvoir organiser le Grand Prix cette année. Sinon, je suis évidemment fan de football. Ou plutôt de l’ASM. J’essaie d’aller voir tous les matches que je peux, en famille.

Que représente pour vous le microcosme si particulier de la Principauté ?
Monaco est un endroit à part, à la fois très concurrentiel et très protecteur. Beaucoup d’étrangers ayant réussi dans les affaires, ou de sportifs de haut-niveau, s’installent ici. On se retrouve donc à partager un petit territoire de 200 hectares avec une concentration de battants qui n’ont jamais rien lâché de leur vie. D’où la forte énergie mais aussi la concurrence qui se dégage d’ici. Et heureusement Monaco, c’est donc aussi un État très protecteur. La plupart des « vrais » Monégasques sont des gens tout à fait normaux qui ne peuvent évidemment pas se permettre d’acheter des appartements à 50 000 euros le mètre carré en moyenne. Aussi, pour permettre aux nationaux de continuer à vivre dans leur propre pays, l’Etat met à leur disposition des logements à loyers modérés.

Quand on débat, professionnellement, de sujet aussi « graves » et « sérieux » que l’économie et la politique, le sport a-t-il encore sa place ?
Évidemment ! Qu’il soit amateur ou professionnel, le sport véhicule des valeurs qui finissent toujours par nous rattraper. C’est en faisant du sport ou en regardant des matches de foot que nos enfants comprennent qu’il ne faut jamais baisser les bras et qu’il faut toujours se battre jusqu’à la dernière minute. C’est aussi en suivant l’évolution de notre club que l’on comprend qu’une brillante politique de trading de joueurs n’est rien sans la préservation d’une équipe et d’une âme.

L’AS Monaco, vous suivez de loin, c’est une passion, une saine occupation … ?
L’ASM, c’est clairement une passion née en 1986 dès le tout premier match que je suis allé voir au Louis II, un certain Monaco-Bordeaux. Les Girondins étaient au sommet à cette époque là. On leur a mis 9-0. C’est tellement beau d’aimer une équipe. Dans les bons moments comme dans les mauvais. La saison de la grande épopée de 2003-2004, nous étions à Eindhoven avec ma femme Pia pour le premier match. Quand Morientes a marqué, nous nous sommes spontanément levés pour crier au beau milieu d’un silence assourdissant et toute la tribune nous a dévisagés. Cette année là, nous avons totalement vécu au rythme de l’ASM. Ma femme n’a juste pas pu venir à Gelsenkirchen pour la finale car elle était enceinte de notre premier enfant et le médecin lui avait déconseillé de trop fortes émotions (rires). Pour l’anecdote, Pia m’a même appris que j’allais être papa en m’offrant un petit maillot de l’ASM, c’est vous dire.

Dans votre carrière, hormis Oleg Petrov récemment, qui avez-vous pu interviewer dans la stratosphère Rouge & Blanche ?
J’ai interviewé Jean-Luc Ettori pour le journal de l’école dans les années 80, ça compte ? Sinon, quand j’étais étudiant, j’ai fait partie de la rédaction de france98.com pendant la Coupe du monde. Une expérience formidable ! J’allais à Clairefontaine aux points presse des Bleus et j’avoue que je me concentrais surtout sur Thierry Henry, David Trezeguet ou Fabien Barthez. Trezeguet était lui-même un fan absolu de Batistuta, et je me souviens que j’avais obtenu de Batigol en marge d’un entraînement de la sélection argentine qu’il signe son maillot en écrivant « de Batigol à Trezegol » et puis je l’avais offert à David. Depuis, je n’ai malheureusement pas pu beaucoup côtoyer les joueurs de l’ASM à travers mon métier. Et en vous répondant, je me dis que je réaliserais bien un documentaire « 20 ans après l’épopée » dans 3 ans ou 4 ans. Il faudrait juste trouver un concept fort pour être à la hauteur du documentaire « Le périple rouge ».

Quels sont vos meilleurs souvenirs avec l’équipe à la diagonale ?
Je ne voudrais pas donner le sentiment de tourner en boucle. Malgré les formidables émotions que les Rouge et blanc nous ont offertes ces dernières années en remportant la Ligue 1 face à un PSG ultra-favori ou en accédant à la demi-finale de la Champion’s League après des matches d’anthologie comme face à Manchester City et ce but magique de Baka… Rien n’égale à mes yeux l’émotion vécue au Stade Louis II le 6 avril 2004 en quart de finale de la C1 face au Real. Il parait qu’il y avait eu 120 000 demandes pour à peine 18 000 places. Quand Raul marque, on se dit tous dans les tribunes que c’est terminé. Eh bien on avait tort ! Giuly, Morientes et encore Giuly ont planté trois buts aux Galactiques. Je n’avais jamais vu une telle ambiance à Louis II. Un pur moment de grâce. Oleg Petrov m’a assuré l’autre jour que nous gagnerions un jour la Ligue des Champions. Je ne sais pas si on ira jusque là mais tout ce que je souhaite, c’est de revivre de telles émotions.

Source : asm-supporters.fr / Crédit Photo  : lecho.be, Dieter Telemans