Arbitrage : la VAR défavorable à l’ASM

Arbitrage : la VAR défavorable à l’ASM

6 novembre 2019 44 Par Franck C

A travers l’article-bilan de l’Equipe paru lundi 4 novembre 2019, article consacré à l’utilisation de la VAR (Video Assistant Referee) pour les 12 premières journées de championnat, et au lendemain de la défaite de l’ASM à St Etienne (1-0), le débat fait rage dans le football français et notamment en ce qui concerne le club du Rocher. Oleg Petrov a d’ailleurs réagi rapidement aux informations du quotidien sportif afin de réclamer « plus de justice » au corps arbitral assisté de la VAR lors des prochains matchs de l’ASM. Il n’en demeure pas moins que le club monégasque affiche le plus mauvais bilan de cette étude en matière de décisions défavorables. Analyse de cette situation inédite et quelque peu frustrante pour les amateurs de foot supporters de l’ASM.

La colère est donc bien le mot qui résume l’état d’esprit du club monégasque et de bon nombre de ses supporters depuis le mauvais résultat vécu à Geoffroy Guichard dimanche soir face aux Verts (0-1). Colère envers l’arbitre mais aussi et surtout envers la VAR qui a défavorisé  à nouveau les Rouge et Blanc à la faveur justement de leurs adversaires pourtant eux aussi peu épargnés par des décisions d’arbitrage défavorables depuis le début de saison (-3 décisions favorables). L’ASM affiche en effet le chiffre négatif de -7 à la balance des décisions modifiées (par la VAR) favorables et défavorables.

Un fait de jeu qui interpelle

Rappel des faits de ce qui s’est passé dimanche soir : à la 72ème minute de jeu, J.K.Augustin est volontairement déséquilibré par W.Fofana à hauteur de l’entrée de la surface de réparation stéphanoise alors que l’ex parisien filait au but. Faute sifflée, et carton rouge pour Fofana… Sauf que l’arbitre, monsieur Brisart, est alerté à la fin de l’action par son juge de touche qui lui signale oralement un hors-jeu de l’attaquant monégasque. Monsieur Brisart décide alors de s’en remettre à l’assistance vidéo. La décision finale de la VAR acte le hors-jeu de J.K Augustin avec preuve à l’appui pour les téléspectateurs (image d’une capture d’écran par Canal + montrant les délimitations de l’alignement d’Augustin et du défenseur stéphanois Saliba). Impossible cependant d’apprécier nettement les quelques millimètres identifiés par la VAR pour définir le hors-jeu de l’attaquant monégasque… Faute annulée par l’arbitre ainsi que le carton rouge attribué à Fofana. Cette décision déclenche la colère du banc monégasque à ce moment-là d’autant plus que quelques minutes auparavant se déroula une action litigieuse ayant amené le but stéphanois à la 59ème minute.  En récupérant le ballon dans les pieds d’Henrichs, J.E Aholou a déséquilibré légèrement le milieu de terrain monégasque et ce à la vue proche de l’arbitre Mr Brisart qui laissa le jeu se poursuivre. A la suite de cette récupération de balle, R.Hamouma, servi par Aholou, élimine Jemerson dans la surface de réparation et centre pour D.Bouanga qui marque le seul but stéphanois du match.

La colère de l’ASM

Ces deux situations défavorables ont ulcéré L.Jardim à la fin du match : « (…) Je ne comprends pas comment c’est possible de valider le but de Saint-Étienne avec une faute grossière au milieu. Aujourd’hui nous avons la caméra, tout le monde regarde (…) Mais c’est le foot, nous sommes des professionnels, des professionnels aident l’arbitre mais ils sont pas capables de voir ça, une chose grossière que tout le monde regardait, c’est comme ça, une équipe d’arbitrage et le vidéo-arbitre qui ont donné une victoire à Saint-Étienne ». Rarement le coach portugais a été aussi critique à l’égard de l’arbitrage et du VAR que dimanche soir.

A la lecture clinique de l’article-bilan de l’Equipe lundi dernier sur l’utilisation de la VAR depuis la 1ère journée de Ligue 1 jusqu’à la 12ème journée (inachevée cependant avec le report du match Nîmes-Rennes), il y a de quoi comprendre la colère et la déception du club de la Principauté. Le vice-président O. Petrov n’a d’ailleurs pas tardé à évoquer officiellement la position du club sur ce sujet (en s’adressant au journal l’Equipe) : « Nous avons la sensation que les choses tournent souvent en notre défaveur et c’est le sentiment que reflète le classement que vous avez publié. Ces chiffres montrent que les changements de décisions nous ont toujours été, et à de nombreuses reprises, défavorables depuis le début de la saison. Comme la saison dernière d’ailleurs. Je ne peux pas croire que les choses ne vont pas s’équilibrer dans le temps. La seule chose que je veux, c’est que l’AS Monaco soit traitée de manière juste et équitable, comme toutes les autres équipes de notre Championnat ».

Dans ses commentaires, Petrov rappelle aussi aux instances du football français (DTA incluse) que l’ASM a déjà été défavorisée la saison précédente en finissant 19ème du classement définitif édité par l’Equipe et consacré à l’utilisation de la VAR. Hasard ? Simple coïncidence…? Sauf qu’en termes d’équité sportive et de respect de l’esprit du jeu, certains observateurs rappellent effectivement que les décisions arbitrales issues de l’utilisation de la VAR génèrent souvent frustration et incompréhension lorsque les conditions dictées par ces décisions supposent une analyse technique et technologique “de pointe” dans certaines circonstances. L’ examen du hors jeu de J.K Augustin a nécessité une analyse technique délicate si l’on en croit le journal l’Equipe dans son article du 05/11/2019 : “L’opération est infiniment minutieuse et délicate. Tout en agissant très vite et sous pression, il faut stopper le ralenti au « premier point de contact du ballon joué/touché » – selon les règles de l’Ifab (l’organisme chargé de déterminer les lois du jeu) – par le passeur. Est-il vraiment possible de saisir ce moment exact ? C’est peu probable à l’œil nu. Pourtant, la différence de position des joueurs, d’autant plus quand ils vont dans le sens inverse, est considérable d’une fraction de seconde à l’autre. Lors de son appel en profondeur, JK Augustin a atteint une vitesse maximale de 31 km/h sur son sprint. Selon la fréquence d’images par seconde (de 25, la norme européenne et française, à 120, celle des caméras ultra slow-motion du Mondial 2018), il se déplace alors de 6,9 à 34,4 cm par image. La marge d’erreur peut être réduite avec des outils dernier cri, mais jamais éliminée. Autrement dit : Augustin bouge au moins de 6,9 cm en 0,008 seconde ! D’où l’importance et la difficulté d’appuyer sur pause à l’instant T, au risque de tout changer.”

Le recours à la VAR discuté

Rappelons aussi que le protocole d’utilisation du VAR doit théoriquement s’opérer dans le cas d’une erreur manifeste identifiée et issue d’une décision de l’arbitre principal du match dans 4 situations de jeu (un but validé ou non ; un penalty sifflé ou non ; un carton rouge direct infligé ou non et la vérification de l’identité d’un joueur sanctionné).

Le corps arbitral n’a pas manqué de réagir à la polémique et a confirmé la justesse de la décision de la VAR lors de ce fait de jeu de la 72ème minute.Toujours dans l’Equipe, Stéphane Lannoy, membre de la DTA, indique de son côté que “le protocole a été respecté” : « Clairement, ce cas de figure entre dans le protocole de l’Ifab de l’assistance vidéo, qui a été respecté. Lors de ce match, l’arbitre prend ses décisions jusqu’au bout. Il siffle un coup franc et sort un carton rouge pour anéantissement d’une action de but. Son assistant juge le hors-jeu, et comme celui-ci est extrêmement limite, il laisse l’action se dérouler. Mais il a signalé oralement qu’il y avait hors-jeu. Dans le cadre d’un rouge direct (l’une des quatre situations prévues par la VAR), on remonte la bobine jusqu’à la position de hors-jeu, qui avait été signalée et qui est confirmée par la 3D. Le coup franc est annulé, comme le carton rouge. Mais si la faute commise sur Augustin avait été violente, le rouge aurait été maintenu même s’il y avait hors-jeu ».

Pascal Garibian (Directeur Technique de l’Arbitrage) de rajouter « La bande sonore est formelle, l’assistant avait indiqué le hors-jeu même si c’est vrai que c’est très limite… Si la VAR avait eu des images probantes qui démontraient qu’il n’y avait pas hors-jeu, le carton rouge et le coup franc auraient été maintenus ».

Dans le cas de l’ASM, cet énième incident corse un peu plus une addition déjà bien “salée” en matière de décisions défavorables de la VAR, il faut l’avouer.

Des décisions de la VAR largement défavorables à l’ASM

En complément du bilan statistique émis par l’Equipe lundi dernier, l’inventaire exhaustif de certaines décisions défavorables de la VAR envers l’ASM depuis la 1ère journée de championnat explique l’état d’esprit  des joueurs et du coach de l’équipe de la Principauté actuellement.

Par exemple lors du match entre le FCN et l’ASM (deux hors-jeu peu évidents de Ben Yedder à la 28ème et de Slimani à la 59ème minute) et celle liée à un but refusé à l’ASM suite à une main peu évidente (au sens qu’elle est collée au corps) de K.Baldé face à Rennes (85ème minute), d’un penalty non sifflé à la 27ème minute face à Strasbourg sur une passe de Ben Yedder à Slimani et touchée de la main par un défenseur strasbourgeois…

En toute objectivité, on pourrait aussi évoquer le penalty non sifflé pour l’OGC Nice suite cette fois-ci à une décision favorable de la VAR pour l’ASM lors du derby à domicile lorsqu’Ounas est déséquilibré dans la surface de réparation par Ballo-Touré (63ème minute)…

L’intervention aussi rigoureuse de la VAR, dans des situations de jeu que l’arbitre a manifestement bien appréciées au départ, est donc de plus en plus décriée alors même que ce protocole est la solution prônée par la FIFA afin « d’améliorer l’équité et la justice, diminuer les erreurs d’arbitrage et les comportements anti-sportif des joueurs ». Dimanche soir, c’est aussi et surtout l’esprit du jeu qui a été remis en cause par l’assistance vidéo lors de cette 72ème minute de jeu et c’est fort dommage.

Il est donc légitime d’espérer que les prochaines décisions de la VAR rééquilibrent quelque peu le bilan de l’ASM (-7) dans les prochaines semaines même si ce ne sera pas une évidence.

Image : crédit Commons Wikimédia.org