Thierry Henry, 2 mois à la tête de l’AS Monaco

28 décembre 2018 26 Par Aurelien C

Le 11 octobre, Leonardo Jardim quittait officiellement le club après quatre années de bons et loyaux services. Le tacticien portugais auréolé du titre de champion de France et d’une demi-finale de Ligue des Champions en 2017 n’aura pas su résister au début de saison compliqué de l’AS Monaco. Deux jours plus tard, Thierry Henry revient sur le Rocher et prend les rênes de l’équipe.

Il y a un peu plus de deux mois, Thierry Henry donnait sa première conférence de presse en tant qu’entraîneur de l’AS Monaco. L’enthousiasme de retrouver son “club de cœur” est palpable pour le néo-coach même s’il récupère une équipe mal en point. Avec 6 points en 9 journées de championnat, l’ASM occupe déjà une inquiétante 18ème place au classement. L’objectif de la saison est clair, renouer avec le succès pour maintenir le club et retrouver une place plus reluisante en Ligue 1.

Le bilan comptable comparatif Henry-Jardim

En août, L. Jardim lançait parfaitement la saison par une victoire à Nantes (1-3) puis par un nul à domicile contre Lille. Les mauvais présages sont alors encore loin même si le réalisme face aux Canaris et le mercato Rouge & Blanc peuvent laisser perplexe. Jardim le bricoleur doit une nouvelle fois faire avec de nombreux départs et de jeunes arrivées. La suite fut catastrophique. 2 points en 7 rencontres pour un ratio global de 0,67 point/match. Son départ est acté. Adieu et merci…

Thierry Henry démarre alors sa carrière d’entraîneur face à Strasbourg et par une défaite. Le chemin sera long et il le sait. Un nul face à Dijon lors du match suivant lui permet de remporter son premier point. Mais il lui faudra attendre encore 3 journées de plus pour repartir de Caen avec un premier succès. Il enchaîne par des résultats en dents de scie : défaite contre Montpellier, victoire à Amiens et défaite à Lyon.

7 points en 9 journées. Le ratio de 0,78 point/match est à peine meilleur et l’AS Monaco, avant dernier de la classe, a perdu une place.

La méthode Henry

L’état des lieux pour Thierry Henry est rapide. Une équipe amoindrie par les départs et les blessures mais surtout minée par un manque de confiance criant. Sa volonté est de protéger ses joueurs des critiques et du manque de résultat. Tielemans, Chadli ou Jemerson régulièrement montrés du doigt par les supporters jouent et ses déclarations après les défaites face à Strasbourg et le PSG se résument par son envie de “retenir du positif dans le négatif”.

Ensuite, Henry essaye les joueurs et les schémas tactiques. Cette saison, l’ASM a déjà utilisé 37 joueurs différents (si l’on compte Baldé aujourd’hui à l’Inter), un record en Europe, ainsi que 6 schémas tactiques en Ligue 1. Passant du 4-3-3 contre Strasbourg au 3-4-3 face à Reims, pour revenir à des compositions à 4 défenseurs en 4-2-3-1, 4-4-2 et 4-1-4-1. C’est finalement un 3-5-1-1 qui est retenu pour affronter les Lyonnais.

Thierry Henry cherche la bonne formule tout en sachant qu’il en est finalement contraint. Les cadres sont blessés, Subasic soigne une tendinopathie chronique et certainement un désaccord avec les dirigeants, Rony Lopes a rechuté, Sidibe blessé à la coupe du monde n’apparait pas plus en forme. La dizaine d’autres joueurs blessés et les méformes amènent Henry à faire jouer les jeunes. Massengo, Biancone, Diop, Gouano, Isidor ont fait leurs premières apparitions. L’inconstance des cadres ne permet pas non plus à Henry de maintenir, dans la durée, un système de jeu précis.

L’agacement de Thierry Henry

Patient à ses débuts, Henry a récemment montré des signes de nervosité. Comme face à Dijon fin octobre, lorsqu’en conférence de presse, il reprochait à ses joueurs d’avoir “été passif pendant une heure“. Ou plus récemment contre Montpellier lorsqu’il recadrait en plein match Tielemans et Golovin qui ne semblaient visiblement pas où se positionner sur le terrain. Puis par le fait de laisser des joueurs comme Jemerson jusque là titulaire indiscutable sur le banc. Enfin, hier, après le match face à Lyon où son constat est glaçant “Je suis vraiment énervé. On sort à tord et à travers. Pas un joueur n’arrive à parler, aucun ne réagit. C’est un manque d’envie, c’est inquiétant. Il ne faut pas se chercher d’excuse.

Le coach monégasque a changé son fusil d’épaule. Face à la presse, il a dénoncé l’état d’esprit de ses hommes pour créer un électrochoc qui n’a pas eu lieu contre Guingamp.

Des motifs d’espoir?

16 buts marqués en championnat, 29 encaissés. Pire défense d’Europe en 2018. Aucune victoire au Louis II cette saison (excepté le match de coupe de la ligue contre Lorient). Les chiffres parlent d’eux mêmes et la crise de résultats ne date pas d’hier. La saison dernière, l’ASM sortait dès la phase de poule de la Ligue des Champions avec deux points au compteur. Cette saison, le bilan est d’un point. Le club n’a plus goûté à la victoire dans cette compétition depuis les quarts de finale, en 2017, face à Dortmund.

Pourtant, l’AS Monaco n’est qu’à trois points de la 18ème place synonyme de barrage et à quatre d’Amiens, premier non-relégable. Thierry Henry l’a annoncé, “il reste beaucoup de points à perdre“. La venue de Franck Passi en tant qu’adjoint va aussi pouvoir apporter de l’expérience au jeune coach dans la lutte pour le maintien. Un appui important qui avait su redresser le LOSC après le départ de Marcelo Bielsa et qui pourrait former une paire assez complémentaire avec Thierry Henry. D’un côté le formateur et homme de terrain Franck Passi dont le poste de numéro 2 n’a plus de secret et de l’autre, le tacticien peut-être davantage dans un rôle de manager à l’anglaise pour l’ancien Gunner.

Les regards seront également tournés vers le retour des blessés et le mercato hivernal. Les renforts promis par les dirigeants et réclamés par Falcao devront très vite pallier les manques de l’équipe et redonner un état d’esprit combatif à l’ensemble de l’effectif.

Photo : Le Figaro